Enfants placés : le manque de familles d’accueil, d’institutions et de personnel ne fait que s’aggraver - Famille d'accueil

Enfants placés : le manque de familles d’accueil, d’institutions et de personnel ne fait que s’aggraver

Enfants placés : le manque de familles d’accueil, d’institutions et de personnel ne fait que s’aggraver

06 août 2024 à 17:31 – mise à jour 09 août 2024 à 11:03
Par Kamel Azzouz RTBF Info
photo d’illustration de Caleb Woods sur Unsplash

C’est une situation extrêmement accablante que sont contraints de vivre des milliers d’enfants en Belgique. Malgré les multiples appels des juges de la jeunesse et des autres acteurs du secteur de l’aide à l’enfance, le nombre de places en institution ou en famille d’accueil est loin d’être suffisant pour appliquer les décisions judiciaires. La pénurie est telle que certains mineurs sont même logés dans des hôpitaux.

Des enfants en danger toujours sur une liste d’attente
Cela fait des années que les services d’aide à la jeunesse manquent de places pour ces enfants qui sont en danger. Les structures d’hébergement sont saturées, et le manque de familles d’accueil est de plus en plus important. En Fédération Wallonie-Bruxelles, ils sont près de 7000 enfants placés dans une institution ou dans une famille à la suite d’une décision d’un juge de la Jeunesse.

Aujourd’hui, les délais sont incroyables pour que certains enfants puissent avoir une place
Ces juges ont le sentiment de ne plus assurer leur mission, à savoir sauver des enfants en situation difficile, tant le manque de moyens et de places rend leur tâche extrêmement compliquée. Michèle Meganck, juge de la jeunesse à Bruxelles, fait part de ce terrible constat dans la région bruxelloise : « 440, c’est le nombre d’enfants qui sont en attente d’une place. Rien que les 14 juges francophones de Bruxelles gèrent en permanence entre 3500 et 4000 dossiers au quotidien. C’est vraiment la nature et l’intensité du danger qui font qu’on décide s’ils restent en famille avec un accompagnement ou s’ils doivent être éloignés. S’il y a toujours eu un manque de places, cela n’a jamais été dans les proportions qu’on connaît depuis quelques années. Aujourd’hui, les délais sont incroyables pour que certains enfants puissent avoir une place dans un lieu extérieur à leur famille alors qu’on sait qu’ils devraient en sortir immédiatement. »

La pénurie de familles d’accueil
Il y a plus d’enfants que l’on doit éloigner de leur milieu familial
Cela fait 21 ans que Michèle Meganck accompagne ces enfants qu’elle qualifie de mineurs en danger, abîmés. La juge de la Jeunesse ne peut que constater un manque de familles d’accueil : « Si heureusement il y a encore des personnes qui acceptent, on ne fait pas la queue pour devenir famille d’accueil. Car cela signifie que vous êtes d’accord d’accueillir un enfant qui est en mauvais état. Qu’il va falloir d’abord l’accompagner dans toute une série de démarches de réparation, de thérapies. Je pense qu’être famille d’accueil aujourd’hui, c’est plus dur qu’il y a 20 ans. Auparavant, il n’y avait qu’une cause de danger pour l’enfant. Aujourd’hui, on additionne quand même souvent plusieurs causes liées à la précarité des familles comme les maltraitances, les problèmes psychiatriques des parents et des enfants, etc. »

« Il y a plus d’enfants que l’on doit à un moment donné éloigner de leur milieu familial. Oui, on manque cruellement de familles d’accueil et surtout des familles qui ont du temps, de l’espace et de l’espace mental pour s’occuper d’un enfant qui a vécu des situations très difficiles », conclut Michèle Meganck.