Pas de solution à long terme pour 130 tout-petits en danger: On ne va pas déposer un bébé sous le sapin - Famille d'accueil

Pas de solution à long terme pour 130 tout-petits en danger: On ne va pas déposer un bébé sous le sapin

Pas de solution à long terme pour 130 tout-petits en danger: On ne va pas déposer un bébé sous le sapin

©DURIS Guillaume – stock.adobe.com 

Par Annick Hovine, Journaliste La Libre
Publié le 28-12-2022 à 22h54 – Mis à jour le 29-12-2022 à 09h17

Jamais il n’y a eu autant de bébés de moins d’un an, retirés dare-dare à leurs parents biologiques, en attente d’une famille d’accueil. Selon le décompte de la fédération regroupant 16 services agréés qui encadrent l’accueil familial en Fédération Wallonie-Bruxelles, 130 enfants âgés de 0 à 1 an sont aujourd’hui sans solution, ballottés d’un service d’urgence à un autre ou placés en pouponnière.

Ces Services d’accompagnement en accueil familial (SAAF), qui comptent au total 25 antennes locales, ont mis leurs forces en commun dans une initiative baptisée Famille d’accueil, rassemblant toutes les informations utiles pour les enfants et les familles concernés.

Très jeune âge
“En réunion du conseil d’administration de la fédération, on a constaté une augmentation énorme des chiffres en 2022”, commente Guy De Backer, directeur de l’ASBL Alternatives familiales et porte-parole de Famille d’accueil. “On a pu répondre à 36 demandes sur 166 concernant des enfants de moins d’un an. Cela reste très faible.”

Résultat : certains bébés restent plusieurs mois à l’hôpital ou, pire, réintègrent le foyer dans lequel ils sont en danger parce qu’on ne sait pas où les mettre, alerte la fédération. Les pouponnières débordent et il n’y a plus de familles d’accueil à long terme disponibles pour ces tout-petits. Le phénomène est surtout marqué à Bruxelles et dans le Brabant wallon.

Ce qui interpelle, c’est le très jeune âge des enfants en attente. Les SAAF ont d’habitude plus de mal à trouver des familles d’accueil pour les enfants plus âgés (plus de 4 ans) et, surtout, les (pré) adolescents. Comment l’expliquer ?

Guy De Backer avance prudemment une analyse subjective, basée sur un ressenti. “On a rencontré les directeurs des services de protection judiciaire, les conseillers des services d’aide à la jeunesse et les juges de la jeunesse au cours des derniers mois pour échanger sur nos pratiques. On a attiré leur attention sur les situations qui se reproduisent au sein des familles quand il y a déjà eu un problème avec un premier, puis un second enfant… Les mandants de première ligne sont peut-être plus vigilants”. Et plus prompts à placer le troisième bébé pour éviter qu’il subisse la même chose que la fratrie avant lui.

Une aventure de longue haleine
Les services d’accompagnement en accueil familial, aujourd’hui à 100 % de prise en charge, recherchent de nouvelles familles prêtes à s’engager dans l’aventure à long terme. “Tous les types de familles, avec ou sans enfants, recomposées, monoparentales, homoparentales… peuvent être candidates”, insiste le porte-parole de Famille d’accueil.

« On ne s’improvise pas famille d’accueil. C’est une procédure encadrée par des professionnels”
Guy De Backer, directeur de l’ASBL Alternatives familiales

Mais c’est un projet qui se construit dans une certaine durée : plusieurs mois sont nécessaires pour mettre toutes les chances de réussite du côté de l’enfant. “On ne va pas déposer un bébé sous le sapin, ajoute M. De Backer. On ne s’improvise pas famille d’accueil. C’est une procédure encadrée par des professionnels”.

La décision finale de placement revient toujours au mandant.

Repères
L’accueil familial, un travail à temps plein

Jusqu’à 18 ans. L’accueil familial à long terme est décidé pour une durée d’un an, renouvelable. Mais la plupart des enfants restent jusqu’à leur majorité dans les familles d’accueil sélectionnées. C’est donc un fameux engagement : les accueillants s’engagent affectivement, assurent l’éducation, la formation, l’intégration et l’épanouissement de l’enfant.

Procédures. Pour devenir famille d’accueil, il est conseillé de s’adresser au service le plus proche de son domicile. Différentes rencontres seront organisées pour cerner la pertinence du projet, comprendre le fonctionnement de la famille et les ressources qu’elle peut offrir à un enfant. Il ne s’agit aucunement de porter un jugement sur les candidats à l’accueil mais de veiller à la fois aux besoins de l’enfant accueilli et de préserver l’équilibre de la famille accueillante. Cette étape prend généralement au moins six mois.

Apparentement. Le recueil d’informations auprès des mandants et des parents visera ensuite le meilleur apparentement entre le projet de l’enfant et celui de la famille d’accueil. Avant le début de la grande aventure… Toutes les informations pratiques sont à retrouver sur le site https://familledaccueil.be/